En ce moment, c’est la crise.
#168 Ou comment communiquer quand le coeur n'y est pas.
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Au programme
La crise
Le dilemme
Bien, mais pauvre ?
L’évitement
L’éléphant dans la pièce
Utiliser l’éléphant dans la pièce
La crise
En ce moment, c’est la crise.
Je le lis dans l’actualité, mais je le sens surtout dans mon quotidien. Mes clients sont tous entrepreneurs, et ils sont tous à bout.
Depuis quelques semaines, j’enchaîne les rendez-vous avec des dirigeants en pleurs, coupables d’avoir dû virer des collègues ou prestataires qu’ils appréciaient, honteux de ne plus savoir comment mener leur barque, et seuls dans leur désarroi.
Dans mes lives avec les indépendants, je vois des visages fatigués, qui n’y croient plus, et qui songent à reprendre un poste dans le salariat.
Je suis coach en personal branding. Pas psy. Mais depuis quelques semaines, force est de constater que j’accompagne plus mes clients émotionnellement que rationnellement.
Et surtout, je les aide à naviguer dans ce dilemme : comment communiquer quand tout va mal ? Comment faire semblant ?
Le dilemme
“Je n’ai pas envie de jouer le jeu de Linkedin en ce moment, tu comprends ?”, me dit Jérôme, dirigeant d’une belle startup.
Jérôme a de la chance, il a de gros investisseurs à son board pour faire survivre la boite. Mais la réalité, c’est que les chiffres ne sont pas au rendez-vous, le moral des équipes est tombé, et lui-même a du mal à y croire. Sourire tous les jours devant ses 70 collaborateurs lui prend énormément d’énergie mais il le fait parce qu’il est bien obligé. Par contre, prendre la parole sur linkedin comme si de rien n’était ? Ça non. Il n’a pas le courage.
Sauf que ce n’est pas une question de courage. Si Jérôme n’arrive pas à faire comme si tout allait bien alors que tout va mal, je pense que c’est parce qu’il n’est pas assez fou. Et c’est une bonne nouvelle.
Écrire publiquement que tout va bien quand on sait pertinemment que c’est faux, ça s’appelle du mensonge. Et il n’y a que les manipulateurs qui sont à l’aise avec le mensonge à ce niveau.
Refuser de mentir ne fait pas de vous un lâche. Refuser de mentir fait de vous quelqu’un de bien.
Bien, mais pauvre ?
Oui, la réussite fait vendre.
C’est pour ça que tout le monde le fait, et c’est aussi la raison pour laquelle vous avez l’impression que la ruine vous attend inévitablement si vous vous arrêtez de communiquer ou si vous changez de discours — pour un discours plus vrai.
Alors, si vous avez vraiment besoin de communiquer pour que le business tourne, vous pouvez choisir de mentir et de faire comme si tout allait bien.
De la même manière que Jérôme enfile un masque de sourire le matin devant ses collaborateurs parce qu’il est “bien obligé”, vous pouvez enfiler un masque sur les réseaux sociaux et entretenir un discours positif, pour le bien de votre business.
Tout le monde ment de temps à autre. La différence avec un manipulateur, c’est qu’il est à l’aise dans le mensonge, et ne s’en rend même pas compte. Alors que vous, vous souffrez.
Et c’est bien le problème.
Vous pouvez mentir pendant un temps, mais je ne crois pas que vous puissiez tenir cette stratégie sur le long terme, sans vous mettre en danger. Comme le dit la thérapeute Katherine Morgan Schafler :
"Les gens ne font pas de burn-out parce qu'ils en font trop. Ils burn-out parce qu'ils ne font pas assez de ce qui leur tient à cœur".
Faire semblant vous désaligne, et c’est la porte assurée au burn-out. Et alors, quid de votre business si le dirigeant (que la boite soit petite ou grande) est out pendant plusieurs mois en dépression ? Vous êtes l’essence de votre business. Vous avez besoin d’être fonctionnel.
Mon conseil :
Si pour X ou Y raison, vous devez faire semblant (on vous a payé pour ces posts, vos investisseurs/partenaires/quelqu'un-d'important vous attendent au tournant ...), alors je vous conseille de faire un sprint.
Prenez une après-midi un jour. Mettez-vous en mode machine et rédigez 10 posts d'un coup.
Cela vous donnera de quoi tenir un bon mois de contenu, le temps de souffler et de voir comment la situation évolue.L’évitement
L’autre stratégie bien sûr, c’est d’éviter le sujet.
J’adore quand mes clients arrivent en session avec des idées de post qui n’ont rien à voir avec leur sujet et qu’ils me regardent avec un grand sourire, fiers d’avoir trouvé une solution. En général, je sais que ça cache quelque chose. Quelque chose qu’ils n’ont pas envie de dire.
Comme pour la stratégie du mensonge, je pense que ça peut fonctionner, mais pour un petit temps seulement :
Les posts “hors-sujets” peuvent avoir un effet surprenant pour l’audience et marcher un temps. Mais si vous en abusez, vous risquez de perdre votre audience et la réputation que vous avez bâti jusqu’ici sur votre thématique de prédilection (au delà de 3 posts “hors-sujets” à la suite, je pense qu’on peut se dire qu’on renverse la balance positif/négatif).
Au bout d’un moment, vous allez en avoir marre de tourner autour du pot, et vous allez avoir l’impression de mentir. C’est une forme de mensonge aussi en réalité : le mensonge par omission. Ça vous désaligne aussi.
Parler de l’éléphant dans la pièce
Il reste la troisième stratégie : dire la vérité.
Quand j’amène cette idée à mes clients, je sais que je vais voir des sourcils se lever, et recevoir beaucoup de résistance .
“Nan mais Maud, on va pas se mettre à raconter comment le business va mal en ce moment, et qu’on a dû virer des gens”.
“Et pourquoi pas ?”, je leur réponds calmement.
“Mais que vont penser nos investisseurs, nos partenaires, nos équipes !”, ils se mettent à crier.
“Moi, ce que je sais, c’est que la vraie vulnérabilité est souvent synonyme de viralité sur les réseaux sociaux. Que les investisseurs, partenaires, et clients vont là où le vent les mène. Et que s’ils voient que tout le monde vous applaudit, que pensez-vous qu’ils vont faire ?”.
Que ce soit dans mon cas ou celui de mes clients, toutes les fois où la vulnérabilité a été exposée, ça a donné des posts qui ont explosé. Quelques exemples :
Mon post sur la mort de mon chat (+1000 likes)
Ce post d’Ugo sur son dépot de bilan (+2400 likes)
Ce post de François sur la crise (+1300 likes)
Aucun de ces posts n’était confortable à écrire, ou à publier. Et je pense que c’est précisément la raison pour laquelle ils ont eu autant d’écho. Aujourd’hui, avec l’IA qui gagne de plus en plus de terrain dans l’écriture, notre monde manque cruellement de vérité et de vulnérabilité. Alors que c’est ce que tous les lecteurs viennent chercher.
Au-delà de la visibilité, ces posts ont aussi amené du business. Ugo et François ont tous les deux closé des clients suite à leur post. Parce que la vérité, c’est que personne ne vous jugera pour vos faiblesses. Au contraire, ça inspirera confiance à beaucoup de gens.
Et surtout, ils se sont débloqués. Ils ont reçu beaucoup de soutien, et ils ont réussi à passer à autre chose. À continuer, sans avoir le sentiment de faire semblant.
Utiliser l’éléphant dans la pièce
La dernière solution, c’est de faire ce que j’ai fait avec cette newsletter.
Quand je me suis posée pour l’écrire, j’ai senti que je n’avais pas envie de faire un classique “3 techniques pour blablabla”, alors ma semaine avait été remplie d’inquiétudes, d’angoisses, et de tristesse.
Même si, en ce qui me concerne, mon business n’est pas affecté par la crise (pour l’instant, et je touche du bois), je sens que je ne peux pas m’adresser à vous comme si elle n’existait pas. Ce serait faire semblant. Ce serait mentir.
Alors, j’ai pris l’éléphant dans la pièce et je m’en suis servie.
Je me suis demandé : comment transformer ça en quelque chose d’utile ? Qu’est-ce que je peux en faire qui soit vrai, qui me ressemble, et qui serve quand même ?
Toute faiblesse peut être transformée en force. C’est à nous de voir le verre à moitié plein.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.
Maud
PS : et si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les poser en commentaires !
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Génial cette NL à la fois feel good, stratégique, réaliste et qui fait échos à ce que vivent et ressentent beaucoup d'entrepreneuses et entrepreneurs.