Les coulisses d'un podcast à +100k écoutes par mois - Barthélémy Fendt.
#77 Mini documentaire sur son organisation.
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Au programme
Rome ne s’est pas faite en un jour
D’un “simple” podcast à un média
Une organisation militaire
Un entrepreneur avant tout
Conclusion
Rome ne s’est pas faite en un jour
Au moment où j’écris cette édition, le podcast Extraterrien de Barthélémy Fendt représente plus de 100k écoutes pas mois. Dans un domaine des plus compétitifs où les médias traditionnels se crêpent le chignon, Extraterrien a réussi à se frayer un chemin et devenir petit à petit une référence en France.
Mais l’ascension ne s’est pas faite du jour au lendemain.
Été 2019, Barthélémy vient de vendre sa boite Abricot et cherche un nouveau projet dans lequel s’investir. Inspiré par Mathieu Stefani et Pauligne Laigneau, il lance le podcast en un mois à peine, armé d’un micro et enregistreur Zoom H6.
“J’ai toujours une vision assez long terme quand je commence un projet. J’ai tout de suite eu l’ambition d’en faire un podcast qui a du succès. Je n'avais pas forcément une vision aussi claire qu’aujourd'hui sur le fait de devenir un média et une boîte à part entière. En revanche, ce que je voyais, c'est que c'était un excellent moyen de développer son personal branding, une expertise dans une industrie particulière, et que ça m'ouvrirait beaucoup de portes.”
Au moment de se lancer, Barthélémy n’a pas spécialement d’audience (un compte personnel Instagram avec 1500 abonnés, et un Linkedin professionnel avec 3000 contacts). Pourtant, assez rapidement le podcast dépasse les 10,000 écoutes par mois.
“Je suis arrivé assez vite à un plateau. Je pense qu'en deux, trois mois, j'avais dépassé les 10,000 écoutes par mois. Je suis allé aussi vite parce que personne ne faisait ce que j'ai fait. Dans les 6 mois, neuf mois qu'on suivit la sortie d'Extraterrien, j'ai eu beaucoup de concurrents qui se sont lancés, notamment des médias et des indépendants. Et après, en fait, ça a été très lent, la progression.”
Pendant les deux ans qui suivent, Barthélémy jongle entre son travail chez Schoolab, sa vie de papa à mi-temps, une dépression, et son podcast. La croissance est lente mais stable. En début 2022, les écoutes sont entre 30k et 40k par mois, l’Instagram a grimpé à 5000 et son Linkedin à 11k, notamment grâce à son job chez Schoolab. Il s’accroche.
D’un “simple” podcast à un média
Puis, en avril 2022, Barthélémy décide de quitter son job chez Schoolab. C’est à ce moment là que les choses décollent vraiment pour le podcast.
“Je commençais à avoir des partenaires qui me faisaient des demandes sans que je fasse de démarchage. Et c'était un peu ça le déclic. J'ai reçu, je crois, deux ou trois e-mails en l'espace d'un mois, avec des contrats aux alentours de 5000 euros, me faisant comprendre que je pouvais complètement en vivre.”
Désormais, il a plus de temps et d’énergie, mais étonnamment, le concept du podcast n’évolue pas spécialement. La fréquence reste la même, le matériel aussi, et le graphisme également. Ce qui change, c’est tout ce qu’il y a autour.
Voici notamment quelques actions qu’il met en place :
Bouche à oreille
”Dans mon intro, je dis que toutes les personnes qui vont partager mon podcast en story sur Instagram et qui vont me taguer, je leur propose une récompense. Du coup, j'ai énormément encouragé le referral. Ça, maintenant, beaucoup de podcasters le font, mais j'étais le premier à le faire, et ça a été vraiment un gros coup de boost pour atteindre les premières dizaines de milliers d'écoutes.”Instagram et vidéos
En juin 2022, Barthélémy rappelle son monteur de chez Schoolab, et le sollicite pour ajouter une dimension vidéo à Extraterrien et alimenter les comptes Instagram et Youtube. “Les extraits vidéos sont très importants parce dans le monde du sport, il y a peu de gens qui écoutent des podcasts. Et l'extrait, en fait, ça m'a vraiment permis de toucher une nouvelle audience.”Publicité sur les applis
“La deuxième chose qui a vraiment fait exploser le podcast pour passer de 30,000 à 100,000 écoutes, c'est la publicité sur des petites applications de podcast.”
Linkedin
“LinkedIn, ça a été aussi un gros vecteur de trafic parce que tu as un point de contact régulier avec les gens. Une fois qu'ils commencent à te suivre, tu réapparaîs de plus en plus dans leur feed, et au bout d'un moment, ça crée l'élément déclencheur. Et je l'ai vu avec les portraits.”
Seo
”J'ai fait du SEO de Siou. Genre si je tape podcast sport sur Google, il y a trois ou quatre articles sur la première page qui parlent de moi en premier, et c'est pas anodin.”
Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est que Barthélémy ne se repose pas entièrement sur la visibilité que ses invités lui apportent. “En fait, ils vont me ramener beaucoup de visibilité, mais de la visibilité très épisodique. Les gens vont venir écouter leur champion et puis après ils vont pas forcément écouter la suite. Mais oui, ramènent quand même 50% des écoutes.”
Les efforts finissent par payer. Été 2023, Extraterrien, c’est :
Podcast : +100k écoutes
Instagram : +23k abonnés
Linkedin : +25k abonnés
Youtube : +5000
Tik Tok : +2500
Extraterrien n’est plus qu’un simple podcast, c’est un vrai média présent sur plusieurs canaux, avec sa propre régie, et une équipe :
Gwen : organisation avec les invités.
Florie-Anne : assistante réalisatrice.
Maelyss : alternante chef de projet.
Morgane : monteuse son.
Tony : monteur vidéo.
Une organisation militaire
Aujourd’hui, voici à quoi ressemble le calendrier de publication d’une semaine classique chez Extraterrien :
Mardi : 1 interview de sportif
Vendredi : 1 épisode d’expert (contenu sponsorisé)
Dimanche : extrait teasing du prochain épisode
Sans compter les 5 vidéos par semaine qui sortent sur Instagram, Youtube, et TikTok, ainsi que les 4 posts Linkedin de Barthélémy. Plus en détail, voici comment chaque épisode de podcast est enregistré :
Étape 1 : Recherche d’invités
La phase la plus longue (parfois 3-4 mois avant d’obtenir une réponse, puis des mois avant de trouver une date).
Un freelance dédié à la recherche des invités.
“C'est un truc très long pour nous, parce que les athlètes de haut niveau ne sont pas souvent en France, et ils ont un agenda qui est assez busy, sachant que les gros athlètes, ils ont aussi des tournages avec des médias, et il y a 80% de leur emploi du temps qui est quand même dédié au sport. Donc, communiquer, c'est pas dans leur métier.”
Étape 2 : Préparation
48h avant l’interview
5 gros sujets qui dépendent de l’invité
“J'aime bien que ça reste frais dans ma tête. Je vais passer deux heures à regarder plein de contenu sur la personne, du coup je vais avoir plein de questions qui vont popper, ça va un petit peu décanter durant la nuit, et je vais avoir une certaine forme d'excitation en rencontrant la personne.”
Étape 3 : Interview
30-40min en solo avant avec l’invité pour décompresser et noter les points intéressants à relever pendant l’interview.
“Durant l'interview, je ne regarde pas les questions. J'ai mes gros sujets en tête, et j'ai quand même bien bossé mes questions donc je les connais. J'essaie plutôt d'être à l'écoute de la personne et d'essayer vraiment d'être à 100% dans l'interview.”
“Quand on termine l'interview, j'essaie de passer 30 minutes pour noter mes idées de titre, d'accroche LinkedIn, les émotions que la personne m'a fait passer, ce qui peut hooked l'auditeur, et les passages où on est allé chercher quelque chose de vraiment inédit et fort. Ensuite, j’envoie ce doc à toute mon équipe. C'est hyper important parce que ça leur fait gagner un temps fou pour savoir quel angle on va donner à l'interview.”
Étape 4 : Post-production
Durée : environ une semaine de travail par épisode.
Comité éditorial en équipe les lundis pour faire la revue des vignettes, des titres, des descriptions, des vidéos short.
“On fait ce comité éditorial en équipe parce que j'aime bien avoir leurs idées et leurs ressentis, puisqu'ils ont aussi écouté les épisodes. Souvent ils apportent d'autres choses, et viennent aussi avec les suggestions de l'IA, et ça me permet d'avoir vraiment une vision un plus globale, de la challenger et d'avoir ce moment où on peut tous décharger nos idées.”
Étape 5 : Planification
Prêt un mois en avance.
“Dernière chose, on fixe un petit peu le calendrier pour savoir quand est-ce qu'on va le poster, se répartir les tâches, et Gwen s'occupe de valider avec les athlètes. Une fois qu'on a ça, c'est fixé dans le calendrier. Donc on a un Notion avec vraiment chacun des contenus qu'on va publier, que ce soit les posts LinkedIn, les vidéos courtes, les vidéos longues, les podcasts, les extraits, et le contenu annexe en story.”
Un entrepreneur avant tout
Pour faire marcher un podcast, il faut être un bon journaliste, un bon communiquant, un bon chef de projet, et surtout, un bon entrepreneur. Barthélémy a délégué une très grosse partie de l’opérationnel à ses équipes, mais ce qui ne m’a pas échappé, c’est qu’il n’a pas délégué la vente.
“Quand j’ai quitté School Lab, je me suis mis à démarcher. J'ai tout de suite eu deux ou trois sponsors qui m’ont fait confiance. J’ai comprends que j'avais une vraie force, c'était ma capacité à aller parler à des services marketing pour leur vendre des campagnes de communication.”
Contrairement à ce que les gens pensent, les podcasters ne gagnent pas du tout d'argent depuis Spotify, Deezer et Apple Podcast. Le meilleur moyen de monétiser reste la publicité. Aujourd’hui, il en existe trois types :
Publicité programmatique (environ 2% de son CA)
C’est de la publicité programmatique classique de radio, avec un peu de tout et n'importe quoi qui tombe.
Le host read (environ 25% de son CA)
L'animateur du podcast écrit la pub parce qu'il a testé le produit et la lit lui-même le spot audio. Ça se vend entre 60 et 120 euros du CPM
Contenu sponsorisé (+70% de son CA)
Créer un épisode en partenariat avec une marque qu’on va placer vraiment à l'intérieur du contenu.
Le reste du CA d’Extraterrien provient de la régie qu’il a montée, ainsi que de ses bootcamps pour podcasters. Barthélémy projette de finir l’année aux alentours de 220 à 250k de CA facturé, sachant qu’il est déjà à 150k.
“Je démarche beaucoup en direct. Souvent, quand je vais voir un sponsor, j'ai déjà une idée de concept pour lui. J'arrive avec un concept ultra personnalisé parce que j'ai vu avec quels athlètes ils travaillaient, comment est-ce qu'ils travaillaient, quels étaient leurs objectifs de communication. Ce sont des relations que je crée sur le long terme. Je vais les ajouter sur LinkedIn, les suivre sur Instagram, puis je vais laisser passer quelques semaines, liker quelques posts, donc ils vont savoir que j'existe. Et dès lors qu'ils likent un truc que j'ai fait, j'attaque”.
Conclusion
Pour avoir observé Barthélémy pendant un petit bout de temps, je peux vous dire que c’est un acharné de travail. À demi-mots, il m’a avoué bosser environ 45h par semaine sur le podcast uniquement, c’est-à-dire sans compter son temps sur ses bootcamps et sa régie. Entre nous, je pense qu’il est bien aux alentours des 55h de travail par semaine. Et quand il ne travaille pas, il fait du sport. En même temps, sa motivation est alignée avec son ambition.
“J'ai vraiment envie de changer de dimension. Je parle de plus en plus aux agences médias comme Avas et Publicis. C'est la vision sur laquelle on doit absolument se développer si on veut passer du petit média indépendant qui fait 200-300k de CA à un média qui fait un million.”
En tous cas, j’ai hâte de le voir évoluer et faire grandir Extraterrien, car sa réussite ouvre la voie à tous ceux qui rêvent de créer leur propre média avec les moyens du bord. Petit à petit, l’oiseau fait son nid.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.
Maud
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Super intéressant les coulisses de ce podcast. Je suis toujours fascinée de découvrir les méthodes d’organisation de chacun-e et ce qui fonctionne pour faire émerger un projet.
Il y a aussi dans ta newsletter un contraste captivant entre l’ambition que l’on perçoit de ton interviewé et les photos hyper paisibles d’une cabine dans les arbres.
Merci pour cette édition.
Merci Maud, je ne connais pas Barthélémy ni son podcast. C'est super inspirant !
Et ses tips sur le matériel de départ est génial, je vais le partager également.
L'organisation est déterminante c'est sûre de plus avec une vision à court et long-terme des belles choses peuvent éclorent.
Et accomplir ça en quatre ans c'est une belle leçon de momentum!