Pourquoi les gens sont-ils méchants sur Internet?
#90 Ou comment s'affranchir de la critique.
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Au programme
Il n’y a rien à comprendre
La Honte
Le Tabou
Rien ne justifie la violence
Plan d’action
Surtout, ne pas s’arrêter
Il n’y a rien à comprendre
“Je suis allée voir le profil de ces gens pour essayer de comprendre” me confiait ma cliente qu’on appellera Iris lors de notre dernière session. Pour la première fois, elle s’était retrouvée confrontée à la méchanceté en ligne.
Le scénario est classique : elle a fait un contenu qui a cartonné, et naturellement, les détracteurs sont arrivés dessous.
En réalité, il n’y a rien à comprendre. Sur leurs profils, il n’y a jamais écrit “je suis un énorme looser mal dans ma peau bête à manger du foin empreint de jalousie, et c’est pour ça que je passe mon temps libre à commenter négativement les contenus des autres sur Internet.” En apparence, ce sont des gens normaux, des profils comme les autres. Pire, parfois, ce sont des gens qu’on respecte.
Et c’est justement ça qui rend l’événement encore plus difficile. Ça laisse de la place pour le doute et la remise en question :
“Et si tout le monde était d’accord avec ces horribles propos ?”
“Et si j’avais effectivement dit n’importe quoi ?”
“Et si c’était vrai ?”
La Honte
“J’ai eu honte” me disait Iris.
Et c’est bien normal, c’est tout l’objectif des personnes qui attaquent violemment les contenus d’inconnus sur Internet. Ils veulent te faire taire parce que ce que tu dis ne va pas dans leur propre intérêt.
“Comment oses-tu dire ça ?” crient-ils.
C’est un moyen de donner honte. De la même manière qu’on dit à un enfant “On ne parle pas de ces choses-là” quand il demande pourquoi le monsieur et la dame sont tous nus, ou qu’on lui rétorque “Mais comment oses-tu dire ça” quand il parle des verres que sa mère boit le soir.
Alors qu’en réalité, la phrase complète et plus juste serait : “Comment oses-tu dire cette chose qui me dérange ?”. C’est parce que la personne est dérangée par le propos qu’elle veut la faire taire en lui donnant honte.
Mais pourquoi vouloir la faire taire absolument ? Je crois que c’est une question de visibilité. Si demain tu vois un post qui dit “La terre est plate” et qui fait 3 likes, tu ne sentiras probablement pas offensé. En revanche, si le même post fait 10M de likes, est-ce que tu ne voudrais pas rentrer dans le débat ? Car, est-ce que tu as envie d’un monde dans lequel les gens croient encore que la terre est plate ?
En presque trois ans de création de contenu en ligne, j’ai eu mon lot de haters et critiques aussi. Je me suis longtemps interrogée sur leurs motivations. Je pense que ce qui les met le plus en rage, c’est que ton propos ait beaucoup plus de visibilité que ce qu’il devrait mériter selon eux. C’est l’injustice par rapport à leur propre visibilité qui les pousse à la violence.
“Les haters sont généralement des loosers dans un sens très spécifique : bien qu'ils soient parfois talentueux, ils n'ont jamais accompli grand-chose. D'ailleurs, toute personne ayant réussi à atteindre une certaine notoriété ne considérerait probablement pas une autre personne célèbre comme un imposteur, car toute personne célèbre sait à quel point la célébrité est aléatoire.”
— Paul Graham
Le Tabou
“Je ne comprends pas pourquoi les gens sont aussi méchants. J’ai simplement dit qu’il fallait manger de l’avocat” me racontait Iris. Après tout, il est vrai qu’elle n’a pas dit découper des enfants, extorquer des gens, faire du blanchiment d’argent ou pousser des mamies dans la rue et partir en courant.
Ma voilà, Iris semble avoir touché un point plus sensible que le conflit israélo-palestinien. Depuis que je publie sur Internet, je me suis rendu compte qu’il y avait des sujets qui délient plus les langues que d’autres. Ce sont les sujets sensibles, les sujets secrets, ce sont les tabous.
Iris parle de nourriture, or le rapport à la nourriture touche à beaucoup de blessures : complexes, anorexie, boulimie et j’en passe. Un tabou, ce n’est rien d’autre que des blessures que les gens tentent de cacher.
“Je me suis rendu compte que tout le monde avait un avis et que personne ne se considérait comme non sachant”. Oui. En général, plus un sujet est tabou, plus il est grand public car il touche aux mœurs : le sexe, la religion ou l’argent par exemple.
Encore une fois, la réponse sera souvent dans une logique de honte : “comment oses-tu parler de cette chose qui me dérange ?”.
Le problème, c’est que ça laisse le créateur face à un dilemme. Celui d’accepter qu’il ne pourra pas aborder le sujet sans se prendre de réflexions haineuses, ou de se ranger du côté de la norme pour ne pas déranger.
Rien ne justifie la violence
La pire chose à faire quand on fait face à des critiques ou propos insultants sur Internet, c’est d’en parler à quelqu’un qui n’a jamais publié sur Internet. Sa réponse sera probablement quelque chose d’invalidant du genre :
“Tu l’as un peu cherché quand même”
“C’est le jeu ma pauvre lucette“
“Fallait pas publier en ligne si tu ne voulais pas que les gens donnent leur avis”
Rien ne justifie la violence.
Il y a 50 ans à peine, la plupart des gens tenaient les mêmes propos face aux victimes de viol : “Tu l’as un peu cherché quand même”, “Il ne fallait pas porter une mini-jupe si tu ne voulais pas te faire sauter”.
Honnêtement, je ne serai pas étonnée que d’ici quelques années, on assiste à un mouvement #metoo contre la violence et harcèlement en ligne. J’imagine déjà les réfractaires combattre à coups de “Roh, on ne peut plus rien dire aujourd’hui”.
Mais la vérité, c’est que les taux de dépressions n’ont jamais été aussi élevés chez les jeunes, et que cette augmentation corrèle avec la montée des réseaux sociaux. Alors, probablement qu’un jour, on se retrouvera avec des amandes et peines de prison pour avoir mis un commentaire insultant en ligne.
Mais d’ici-là, il faut apprendre à se protéger soi-même.
Plan d’action
Dans son livre “Libérez votre créativité” (que je suis actuellement en train de lire et que je te recommande très vivement d’ailleurs), Julia Cameron partage son plan d’action en cas de critique :
Acceptez la critique jusqu'au bout et en finir avec elle.
Notez les concepts ou les phrases qui vous dérangent.
Notez les concepts ou les phrases qui vous semblent utiles.
Faites quelque chose de très nourrissant pour vous - lisez une ancienne bonne critique ou rappelez-vous un compliment.
Rappelez-vous que même si vous avez réalisé une œuvre d'art vraiment pourrie, il peut s'agir d'un tremplin nécessaire pour votre prochaine œuvre. L'art mûrit de manière spasmodique et nécessite des étapes de croissance de type "vilain petit canard".
Examinez à nouveau la critique. Vous rappelle-t-elle des critiques de votre passé, en particulier des critiques honteuses de votre enfance ? Reconnaissez que la critique actuelle déclenche un chagrin lié à une blessure ancienne.
Écrivez une lettre au critique - qui ne sera probablement pas envoyée. Défendez votre travail et reconnaissez ce qui a été utile dans la critique formulée.
Remettez-vous en selle. Prenez l'engagement immédiat de faire quelque chose de créatif.
Faites-le. La créativité est le seul remède à la critique.
Ce que j’aime dans ce plan d’action, c’est qu’il force à passer à autre chose. Dans son livre, Julia dit aussi qu’il faut apprendre à faire la différence entre la critique constructive et la critique inutile. Dans le fond, je pense qu’on sait très bien faire la différence. Néanmoins, j’ai trouvé cette matrice d’Ann Friedman très utile :
Surtout, ne pas s’arrêter
“Ça fait 3 mois que je n’ai rien publié” m’a dit une nouvelle cliente hier. La raison ? Elle a reçu des critiques extrêmement virulentes et “ça m’a stoppé“.
Quand on a honte, c’est normal de vouloir tout arrêter et disparaître. D’ailleurs, c’est pour cette raison que les haters continuent cette stratégie. C’est quand même parce qu’elle est redoutablement efficace.
Sauf qu’arrêter, c’est leur donner raison. C’est les laisser gagner. Et qu’est-ce que toi tu y gagnes ?
J’aime beaucoup la dernière phrase du plan de Julia : “La créativité est le seul remède à la critique”. On recommande la même chose aux cavaliers qui ont chuté. On leur dit de se remettre en selle rapidement.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.
Maud
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Plein d’inspiration et de vérité dans cette newsletter, merci 🙏
Édition très riche et instructive, merci Maud !