Pourquoi vous ne devriez pas chercher à être clivant.
#139 Ou la différence entre les opinions et les convictions.
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Au programme
“Soyez clivants”
Le coût de la polarisation
Le piège de la répétition
Vous n’avez pas besoin d’être clivant
Un exercice pour clarifier vos convictions
Ce qui compte, c’est d’être aligné
“Soyez clivants”
Il y a quatre ans, je décidais de me lancer sur LinkedIn.
Alors, j’ai fait ce que toute bonne élève qui se respecte fait : j’ai étudié. J’ai participé à tous les webinars que je pouvais, suivi tous les gros influenceurs que je trouvais, et lu toutes les newsletters gratuites (vu comme j’étais fauchée) qui me passaient sous la main.
À l’époque, celui que tout le monde vénérait, c’était Grégoire Gambatto (qui, d’ailleurs, fait son come-back). Et Grégoire n’avait qu’un seul conseil à la bouche : “Pour devenir viral sur LinkedIn, il faut être clivant”, répétait-il en boucle.
Alors, j’ai fait ce que toute bonne élève qui se respecte fait : j’ai appliqué. J’ai balancé des opinions peu fondées mais provocantes pour me faire remarquer. Et, oui, ça a fonctionné. Mes posts ont rapidement fait des centaines de milliers, voire des millions de vues.
Mais rapidement, un inconfort s’est installé. Je n’étais pas fière de ce que j’écrivais — pas alignée.
Le coût de la polarisation
Être polarisant a toujours un coût.
Le premier, souvent sous-estimé, est le coût émotionnel. Si vous ne recevez pas un peu d’agressivité, c’est que vous n’avez pas été assez clivant. Sauf que débattre avec des inconnus sur Internet est terriblement éreintant. Personne — à part les sociopathes peut-être — ne peut recevoir autant d’agressivité régulièrement.
C’est d’ailleurs ce qui a poussé Grégoire Gambatto à quitter LinkedIn pendant plus de deux ans. Trop d’agressivité à gérer.
Le deuxième, c’est le coût d’opportunité. Polariser, c’est forcément laisser des gens sur le côté de la route dont vous aviez peut-être besoin.
À petite dose, ces coûts ne sont pas gravissimes. Les bénéfices de la visibilité restent plus importants. Personne ne peut plaire à tout le monde, et un peu de critiques ne fait pas de mal. La balance reste positive.
Le vrai problème arrive lorsque vous entrez dans une logique de répétition.
Le piège de la répétition
À force d’être clivant, on finit par épuiser ses idées et communiquer sur des opinions, et non des réflexions profondes. Et c’est là que les problèmes commencent, parce que les opinions :
Changent vite et se contredisent Si vous changez d’avis comme de chemise, à terme, vous serez catégorisé comme quelqu’un de “peu fiable”. Votre audience finira par sentir que vos prises de position sont artificielles, et ne croira plus ce que vous dites. Or, ce qui fait réellement la différence, ce n’est pas combien de personnes vous regardent, mais combien croient en ce que vous dites.
Manquent de profondeur Les opinions captent souvent l’attention sur le moment, mais elles ne résistent pas à l’analyse. Si les gens commencent à creuser vos arguments et qu’ils y trouvent des incohérences, cela peut nuire à votre crédibilité. Une opinion peut générer des réactions, mais elle manque souvent de substance pour créer un lien durable avec une audience.
Divisent inutilement Les opinions, surtout celles exprimées pour polariser, créent des clivages stériles. Elles peuvent susciter des débats passionnés, mais ces discussions s’épuisent rapidement parce qu’elles n’apportent pas de véritable valeur. Pire encore, elles peuvent aliéner une partie de votre audience, parfois pour des sujets sur lesquels vous n’avez pas réfléchi en profondeur.
Vous n’avez pas besoin d’être clivant
De plus en plus, mes prospects arrivaient en call avec des inquiétudes du genre “je n’ai pas envie de faire du putaclic” ou “je n’aime pas le clivant”. Il fallait définitivement que trouve une autre approche.
Et j’ai fini par la trouver.
Ce dont vous avez réellement besoin, c’est de convictions. Pour rappel, voici la différence entre une opinion et une conviction :
Opinion Un point de vue ou un jugement formé sur quelque chose, qui n'est pas nécessairement basé sur des faits ou des connaissances. Exemples : « Je pense que les Warriors vont se faire battre par les Lakers ce soir », « Je pense qu'il va pleuvoir cet après-midi », « Je pense que l'enseignement à distance pour les étudiants est une mauvaise idée ».
Conviction Une croyance ferme et stable, à long terme. Exemples : « Je suis convaincu que les activités extrascolaires, bien encadrées, peuvent être un excellent professeur pour les jeunes », « Je suis convaincu que nous sommes appelés à gérer l'environnement et à prendre soin de la création », « Je suis convaincu que les hommes et les femmes du monde entier ont le droit de recevoir une éducation et que celle-ci est essentielle à la paix, à la prospérité et au progrès ».
Les convictions ne cherchent pas à diviser pour diviser. Elles expriment ce qui compte pour vous : vos valeurs, votre vision, et ce que vous êtes prêt à défendre. Elles attirent ceux qui partagent votre manière de penser, tout en repoussant ceux qui ne sont pas alignés.
Avant de publier, posez-vous cette question : "Est-ce que ce que je m’apprête à écrire est une opinion ou une réflexion solide ?"
Un exercice pour clarifier vos convictions
Verbaliser ces convictions n’est pas un exercice facile. Voici 20 phrases à compléter pour vous aider à identifier les vôtres. Choisissez celles qui résonnent le plus avec vous :
"Je crois profondément que _____ est indispensable dans mon domaine."
"Je ne pourrai jamais accepter _____, car cela nuit à _____."
"Je suis prêt(e) à défendre _____ même si _____."
"Je pense que le plus grand obstacle pour réussir dans ce secteur est _____."
"Je suis convaincu(e) que _____ est la clé pour transformer les pratiques actuelles."
"Ce que je veux changer dans mon métier, c’est _____, parce que _____."
"J’aimerais que mes pairs comprennent que _____ est essentiel pour progresser."
"L’idée que je défends le plus souvent est _____, car _____."
"Je crois que la meilleure façon d’améliorer _____ est de _____."
"Ce qui me motive vraiment dans ce métier, c’est _____, et son impact sur _____."
"Mon travail est important pour _____ parce qu’il permet de _____."
"Je crois qu’il est crucial de rappeler que _____ est souvent sous-estimé."
"Une idée qui mérite d’être défendue coûte que coûte est _____."
"Le conseil que je donnerais à une personne qui débute est _____."
"Si mon audience se souvenait d’une seule chose, je voudrais que ce soit _____."
"Je pense que la pratique la plus sous-estimée est _____."
"Je crois que l’erreur la plus fréquente que je vois est _____."
"Je suis persuadé(e) que _____ est ce qui différencie les bons professionnels des excellents."
"Je crois que trop de gens oublient l’importance de _____."
"Je suis convaincu(e) que si nous nous engagions davantage sur _____, nous pourrions _____."
Par exemple, voici une liste non exhaustive des miennes :
Je suis persuadée que même les plus introvertis peuvent devenir des références.
Je crois que l’écriture est essentielle pour clarifier ses idées et affirmer sa singularité.
Je ne pourrai jamais accepter que la visibilité passe avant l’alignement, car cela mène à une perte de crédibilité et d’estime de soi.
L’influence se construit dans la constance, pas dans le buzz.
la peur du regard des autres est souvent le plus grand obstacle à la réussite, mais on peut apprendre à la dépasser.
Ce qui compte, c’est d’être aligné
Oui, communiquer sur vos convictions vous attirera aussi probablement des critiques. Mais ces critiques seront bien différentes de celles générées par des opinions provocantes. Elles viendront de personnes qui ne partagent pas vos valeurs, et non d’un public frustré par une polarisation artificielle.
Et c’est ça, le vrai pouvoir d’une communication alignée :
Vous attirez des clients qui partagent votre vision et avec qui vous aurez plaisir à travailler.
Vous construisez une relation de confiance durable avec votre audience.
Vous gagnez en clarté et en impact.
Communiquer, ce n’est pas une course à l’attention. C’est un acte d’affirmation : dire ce que vous êtes, défendre ce qui compte pour vous, et inspirer ceux qui vous ressemblent.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.
Maud
PS : si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les poser en commentaires !
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Merci pour cette transmission toute en nuances. Je n'ai jamais réussi à être clivante. Ce n'est pas du tout ni dans ma personnalité, et au fond ni dans ce que je défend dans mon entreprise de conseil en image de marque et création visuelle, où j'aime plus que tout représenter visuellement les différentes nuances d'un projet. Merci pour cet exercice pratique et ces exemples que tu nous proposes. J'ai mis un moment à le faire, c'était difficile pour moi, mais à force de réflexion j'arrive à me reconnecter avec ce en quoi je crois vraiment !
On peut être avoir des convictions clivantes. Ce qui provoque l'attention c'est la dissonance. Je suis d'accord que pour la provoquer, être clivant n'est pas toujours nécessaire